La grève entamée par l’équipe commerciale de la succursale Citroën de Strasbourg jeudi matin et pourrait dépasser le cadre limité qu’elle avait jusqu’à vendredi.
A l’origine du mouvement, le mécontentement des vendeurs de voir leur système de rémunération modifié unilatéralement par leur direction nationale qui souhaite conditionner une partie significative de leur salaire à ces paramètres qu’ils ne maitrisent pas.
Appauvrissement sans cause
Par exemple, les primes des vendeurs dépendraient des réponses favorables données par leurs clients à des questions concernant :
- Les délais de livraisons des véhicules. Ces délais sont variables et dépendent de nombreux facteurs, tant industriels que logistiques (approvisionnement des usines, transports, formalités administratives et douanières, préparation des véhicules…)
- Les conditions commerciales consenties aux clients : ces conditions sont variables selon les périodes et les véhicules vendus. Elles sont déterminées par la direction Commerciale du constructeur et imposées aux équipes de vendeurs qui ont l’obligation de les appliquer sans, bien sûr, les dépasser.
Dans le nouveau système de rémunération des vendeurs (le « payplan »), un client qui serait mécontent, ou simplement pas complètement satisfait, des délais de livraison de son véhicule ou de la remise qui lui a été consentie pourrait le mentionner dans le questionnaire de satisfaction qu’on l’encourage à remplir et cela entraînerait automatiquement une réduction du salaire du vendeur, alors que ce dernier n’a aucun moyen d’action sur ces paramètres.

Un système qui peut déraper
Ce sentiment d’injustice est encore accru quand le système part en dérapage non contrôlé. Il est arrivé à plusieurs reprises qu’un client soit sollicité pour donner son avis sur la qualité de la livraison de son véhicule AVANT qu’il en ait pris possession. Comment se déclarer satisfait d’une livraison qui n’a pas encore eu lieu ? C’est bien sûr impossible mais le vendeur sera le seul à en supporter l’inconvénient financier.
Un malaise grandissant
Comme souvent, la rémunération constitue le point de départ d’une contestation sociale, mais aussi un catalyseur qui entraîne l’expression d’autres revendications et d’un malaise au sein de l’entreprise. Citroën Strasbourg ne fait pas exception à la règle et les grévistes pointent l’absence de dialogue social au sein de l’entreprise, les tensions au sein des différents services et les conflits internes que ces tensions créent.
La direction de PSA Retail tardant à prendre position dans ce conflit, il est possible, voire probable, qu’elle doive faire face à son extension, à d’autres service et à d’autres succursales.

Tache d’huile et rémunération stratosphérique
Les autres services de la succursale Citroën de Strasbourg commencent eux aussi à manifester leur mécontentement vis à vis de leur direction. Outre l’absence de dialogue social, les techniciens sont particulièrement remontés par l’absence d’intéressement et le très faible montant de la participation aux bénéfices pour l’exercice 2018.
Alors que leur groupe a retrouvé la santé financière, les salariés de PSA Retail sont scandalisés par la rémunération stratosphérique de leur président, Carlos Tavarès.
En parallèle, des conseillers commerciaux d’autres succursales Citroën dans d’autres régions de France prennent conscience que la nouvelle rémunération imposée par la direction ne devrait pas leur être plus favorable qu’à leurs collègues de Strasbourg. Le début de semaine, et notamment la journée de mardi, devrait être crucial et constituer un pivot dans ce conflit social : si la lutte s’étend, la direction nationale de PSA Retail n’aura pas d’autre choix que de s’intéresser au malaise de ses salariés et, peut-être, de négocier.
« To Be Continued », comme on dit dans les comités stratégiques des multinationales…
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Ne vous découragez pas, bientôt vous serez rejoints par les équipes des autres succursales.
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